Construire l’abolition
Etude sur les prisons françaises dans la perspective d'abolir la prison telle que nous la connaissons depuis 200 ans.

En 2003, l’agence réalise une étude sur les prisons française dans la perspective d’abolir la prison telle que nous la connaissons depuis 200 ans. A travers de multiples propositions qui associent le dedans et le dehors, l’ouvrage se veut une source d’inspiration pour les futurs concepteurs d’établissements pénitenciers. L’idée générale est de replacer l’homme au cœur du système, d’introduire une notion réelle d’urbanisme inexistante aujourd’hui et de réintroduire les codes ordinaires de l’habitat, du lieu de travail, de sport, etc.
Ce travail, mené avec le regard exceptionnel de Gabriel Mouesca, a donné lieu à une parution aux éditions Urbs (Xavier Gonzalez). Régulièrement, nous participons à des débats (OIP, Prison Justice…), des émissions radios (France Inter, Radio Libertaire), des campagnes de préventions de la délinquance et de multiples articles et parution presse papier et web.
La prison n’a plus d’avenir.
Tout comme l’idée de punition, et non de sanction, qui la caractérise.
Voilà notre conviction. Les principes de la loi prévoient pour le détenu une suppression temporaire de certains droits et libertés de mouvement. Dans l’application, cette sanction a été transformée en un concept très élaboré et étroit d’isolement total de l’individu. La grande rationalisation de cet isolement atrophie l’idée de tissu social et participe à la réification des individus incarcérés.
Il est urgent de rendre les établissements pénitenciers conformes à la Constitution de notre société pour pouvoir imaginer à l’avenir une forme de sanction plus humaine et socialement plus constructive.
Notre objectif est de définir une série d’alternatives face au sort univoque qui est réservé aux hommes et femmes mis en détention.
Dans le cas d’une condamnation d’emprisonnement, la loi prévoit la suppression de la liberté de mouvement mais ne prévoit en aucun cas de priver le détenu de relation avec ses proches. Comment mettre en place un cadre d’intimité qui ne porte pas atteinte à la dignité humaine du détenu face à son univers familial ? Des U.E.V.F. (unités expérimentales de vie familiale), inspirées du système canadien, sont destinées à l’accueil de la famille pour un ou plusieurs jours. Comment peut-on étendre ce concept à la cellule ?
La séparation des sexes n’existe plus dans l’Education nationale, ni même à l’Armée, depuis bien longtemps. Si la profession de surveillant s’est ouverte aux femmes assez récemment, dans quelle mesure peut-on envisager une
vraie mixité au coeur de la prison ? Comment l’architecture peut-elle favoriser cette expérience ?
Notre démarche conceptuelle ne consiste pas à produire une nouvelle architecture idéale pour l’enfermement, ni une construction prétendant par son esthétique être plus humaine. Nous utilisons l’architecture comme un outil pour expérimenter des modes de détention inédits qui restituent
aux détenus la possibilité de participation à une vie sociale curative, en permettant aussi à tous de nourrir une réflexion collective et permanente sur l’enfermement, la sanction et les handicaps sociaux.