Super Ferme
Serre maraîchère de production intensive associée à un supermarché


La Superferme est une ferme maraîchère de production intensive. Bien que de construction classique, son mode d’implantation est original : elle vient recouvrir les grandes surfaces commerciales. Elle permet ainsi d’associer totalement lieu de production et lieu de vente à l’échelle de la grande distribution. De ce fait, elle a vocation à approvisionner le supermarché avec un maximum de variétés de légumes frais.
La Superferme naît de l’association de deux programmes ordinaires : le hangar de la grande surface du supermarché et la serre agricole traditionnelle de culture maraîchère.
Son architecture se compose de la superposition des deux programmes et de leur mise en relation. Logiquement, le rez-de-chaussée accueille la surface commerciale et le niveau supérieur les serres agricoles qui peuvent bénéficier de lumière naturelle. Il s’agit donc de deux programmes habituellement très horizontaux qui, superposés l’un à l’autre, forment un nouveau gabarit et un environnement intérieur inédit.
Chacune des parties gagne dans son association avec l’autre. Le supermarché trouve un éclairage naturel. L’exploitation s’émancipe des contraintes de stockage habituelles pour ne se consacrer qu’à la production.
Le plan des deux programmes consiste à alterner des circulations qui distribuent des rayonnages dans un cas et des sillons agricoles dans l’autre.
D’un point de vue urbain, la Superferme associe deux programmes très consommateurs d’espace et en partie responsables de l’étalement urbain que l’on retrouve traditionnellement dans les zones péri-urbaines. Les superposer l’un et l’autre consiste à réduire cet étalement tout en préservant la logique fonctionnelle horizontale de chacun qui n’est pas ici remise en cause. Le projet propose donc une évolution à partir de la situation existante et peut s’avérer un outil performant pour la recherche de densité urbaine de ces zones.
L’implantation de la Superferme peut être liée soit davantage au supermarché, soit à la serre agricole. Dans le cas de la logique du supermarché, elle s’implante selon les stratégies habituelles commerciales d’achalandage. Dans l’autre cas, c’est la dimension de la serre agricole et sa capacité de production qui détermine le nombre d’implantations pour assurer la grande distribution.
Le paysage de la Superferme reste horizontal et, au vu de son implantation, il n’est pas véritablement perceptible à l’échelle du piéton. La Superferme ne crée donc pas plus de paysage vert que ne le font les serres agricoles existantes. Son apport paysager se fait plutôt de l’intérieur du bâtiment dans les usages, car l’individu qui fait ses courses se trouve dans un environnement végétal qui peut faire penser à celui d’une serre botanique.
La Superferme, bien qu’elle présente de nombreux avantages territoriaux, est probablement le modèle le moins intéressant d’un point de vue social et culturel. Car si les acteurs de la grande distribution, fixant les critères de qualités des fruits et légumes selon des études sur les consommateurs, produisent directement eux-mêmes, on imagine difficilement l’évolution des productions en dehors des objectifs de profit. En unissant deux protagonistes aujourd’hui en rivalité, l’agriculteur et le supermarché, Superferme réduit considérablement la vertu exploratoire de la pratique agricole tout en conservant la première place sur les ventes. En d’autres termes, plutôt qu’une alternative à la grande distribution, ce dispositif rend celle-ci quasi indépendante et libre d’agir sur les marchés.
D’un autre côté, la Superferme peut sembler une évidence. L’association du temple de la consommation à une production super intensive et mécanisée fait sens, si tant est qu’elle se distingue d’autres formes de production sans les concurrencer directement. Or l’art commercial des grandes surfaces est justement de proposer toutes les qualités, comme une vocation à rendre à chacune sa place légitime.
On imaginera donc plus facilement la Superferme comme un primeur de culture hors-sol à grande échelle, géré par une association professionnelle indépendante et de moyenne envergure… Sinon comme une usine alimentaire parfaitement armée pour réduire le coût des produits.

